Phil May : 31 jours, 31 chansons, épisode 30

Voici le trentième épisode de la série 31 Days of May de Mike Stax, qui parle de Summertime.

Parue sur la même face B que Circus Mind en 1971, Summertime montre des Pretty Things d’humeur joyeuse, chose rare. C’était l’une des chansons favorites de Phil. « C’était une ode à l’été, m’a-t-il expliqué. Partir dans le Norfolk, participer aux moissons, comme Wally et moi on faisait. Autour de ce chouette riff qui descend et des harmonies à trois voix très naturelles qui fonctionnent bien, et puis évidemment le solo éblouissant de Tolson. Vraiment fabuleux. »

“Bluebirds and blackbirds are gathered in my hair
All my tomorrows
I think they have been rare
Summer’s coming through
There’s no hay upon the field
Soon I’ll be with you and we’ll know how it feels
Summertime.”

La chanson est née rapidement, comme tant d’autres grandes chansons. Wally se souvient qu’elle provient « de l’inspiration du moment, comme tant d’autres de nos faces B ». Il garde de bons souvenirs de la séance. « C’était tard dans la nuit, après minuit, le dernier des trois jours qu’on avait réservés à Abbey Road pour boucler le single. Pete et Phil avaient passé la journée sur une idée qu’ils avaient eue pendant que je travaillais sur le mixage de la face A. Je me souviens que la climatisation était en panne et qu’on était tous torse nu, on se serait crus à Muscle Shoals. Je suis retourné voir le reste du groupe pour travailler sur la chanson et j’ai tout de suite dit à Phil qu’il fallait un pont. « Quel genre ? » a demandé Phil. J’ai sorti le « Count the bluebirds in the sky » comme ça et Phil a juste dit « Bon, d’accord, c’est toi qui le feras. » Et c’est ce qu’on a fait. Il n’a même pas touché à mes paroles niaises. On était sous pression pour boucler la chanson, et il nous restait encore Circus Mind à enregistrer aussi.

“Count the bluebirds in the sky
But don’t count too soon
Count the bluebirds with your eye.”

La chanson est déjà exaltante, mais elle grimpe encore plus haut grâce à ce pont sur lequel un Peter Tolson de seulement 19 ans plane avec ses lignes de guitare. Elles ont été rajoutées plus tard dans la nuit, mais l’essentiel du reste de la chanson a été enregistré dans les conditions du direct, y compris la piste de chant de Phil et les harmonies de Jon Povey. « Pete joue la figure rythmique sur sa Strat, se souvient Wally, enregistrée depuis son ampli, mais on l’a aussi enregistré de manière isolée, avec un micro très sensible, pour avoir le son de la Strat en acoustique. » Des harmonies supplémentaires ont été rajoutées la même nuit, ainsi qu’une paire de guitares acoustiques. « Pete et moi jouons le rythme sur des acoustiques de part et d’autre de la stéréo, on faisait souvent ça. Nos styles sont différents et on interprète les mêmes choses un peu différemment. Quand on joue ensemble, l’effet stéréo est intéressant, je me souviens qu’on l’a refait ensuite sur Rip Off Train, dans Freeway Madness. On démarre en jouant la figure principale presque à l’identique, mais quand le chant démarre, on commence à se laisser aller et des choses intéressantes ont lieu ! » Il faut écouter la chanson au casque pour bénéficier au maximum de cet effet. C’est aussi l’occasion d’entendre de plus près le jeu de batterie sensationnel de Skip Alan : ses fills sont incroyables. Et comme d’habitude, la voix de Phil est parfaitement adaptée, elle est douce et mélodieuse, pleine de caractère.

“White hearts and light hearts and some that faded view
Switch with the seasons to feelings that I knew
Summer’s coming through
There’s no hay upon the fields
I’ll soon be with you
And we’ll know how it feels
Summertime…”

Le cri de joie spontané après ce dernier refrain vient de Jon Povey et exprime toute l’euphorie que ressentaient les membres du groupe ce soir-là. « C’était une ambiance géniale, raconte Wally. Norman [Smith] nous avait domptés avec ses techniques d’enregistrement millimétrées, mais là, on était seuls et libres d’être un groupe de rock. C’était une sensation fabuleuse, et l’ambiance était vraiment géniale, c’était vraiment super de juste jouer comme ça. On aurait dû le faire plus souvent ! »

Phil a passé les derniers mois de sa vie dans le Norfolk, dans cette même campagne idyllique que célèbre de manière si évocatrice Summertime. Ses cendres seront dispersées avec l’arrivée de l’été. Il sera chez lui.

Facebook, 19 juin 2020

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