John Charles Alder est né le 29 novembre 1944 à Colchester, dans l’Essex. Il fait ses débuts de batteur au sein de petits groupes de rhythm and blues du coin. C’est avec l’un d’entre eux, les Fairies, qu’il a l’occasion d’enregistrer pour la première fois. Decca publie trois de leurs 45 tours en 1964-1965, dont une reprise de Get Yourself Home, une composition des Pretty Things. C’est aussi à cette époque qu’il acquiert son nom de scène : les fans des Fairies, ayant remarqué ses longs cheveux bouclés, lui envoient des bouteilles de laque de la marque Twink, et le nom reste.
En 1965, Twink quitte les Fairies pour aller vivre à Londres, dans le quartier de Chelsea. Il rejoint Steve Howe, Keith West et Junior Wood au sein de The In-Crowd. Bientôt rebaptisé Tomorrow, ce groupe devient l’un des fleurons du psychédélisme britannique malgré son existence éphémère : formé en mars 1967, il disparaît en avril de l’année suivante. Il aura eu le temps de donner des concerts mémorables à l’UFO Club et lors du festival « 14th Hour Technicolour Dream », ainsi que de publier un album et deux singles. Le succès inattendu d’un 45 tours solo du chanteur Keith West sonne le glas de Tomorrow : chacun part de son côté. Twink publie encore un single avec Junior Wood sous le nom The Aquarian Age.
Après l’éclatement de Tomorrow, Twink rejoint les Pretty Things, en manque de batteur depuis le départ de Skip Alan au début de l’année 1968. Ce n’est pas un inconnu : quelques années plus tôt, il lui est arrivé de suppléer un Viv Prince trop souvent aux abonnés absents. Il enregistre avec eux l’album S. F. Sorrow. Bien que son nom apparaisse dans les crédits de six des treize chansons, il n’a pas participé à leur écriture, en dehors de quelques suggestions ponctuelles, comme la récitation d’une liste de soldats morts ou disparus à la fin de Private Sorrow. En réalité, lui accorder une part des royalties est le seul moyen qu’ont trouvé les Pretties, éternels fauchés, pour lui assurer une part substantielle des bénéfices. Même après toutes ces années, Phil May reste amer quand il aborde la question. En revanche, sur scène, il n’y a rien à redire sur Twink, qui assure le spectacle dans la lignée de ses prédécesseurs. C’est lui qui joue le rôle de Sebastian F. Sorrow dans les spectacles de mime auxquels s’essaie le groupe après la sortie de l’album. Même lors des concerts « normaux », il ne se laisse pas oublier derrière les fûts et n’hésite pas à grimper sur les enceintes pour se jeter dans le public…
En juillet 1969, Twink enregistre son premier album solo, Think Pink, avec l’aide de plusieurs membres et ex-membres des Pretty Things. Il annonce son départ du groupe à la fin de l’année. Officiellement, il souhaite se consacrer à d’autres projets, mais il est probable que l’antipathie que lui voue Wally Waller n’est pas étrangère à cette décision. Son nouveau groupe, baptisé The Pink Fairies, réunit des musiciens qui ont participé à l’enregistrement de Think Pink : Mick Farren (ex-Deviants) et Steve Peregrine Took (ex-T. Rex). Cette formation éphémère, davantage une expérience politique qu’un vrai groupe de musique, laisse rapidement place à la véritable Mark I du groupe, avec Russel Hunter, Paul Rudolph et Duncan Sanderson, tous trois d’anciens membres des Deviants. Le quatuor ne publie qu’un seul album, Never Never Land (1971), avant que Twink n’abandonne (pas définitivement, loin de là…) les Pink Fairies.
Après un séjour au Maroc, pays qui continuera longtemps à le fasciner, Twink rentre au pays et s’installe à Cambridge. Il s’engage dans un nouveau projet fin 1971, une sorte de supergroupe baptisé The Last Minute Put Together Boogie Band, qui est surtout resté dans les mémoires pour l’apparition de Syd Barrett à leurs côtés lors de deux concerts en janvier 1972. Le légendaire fondateur de Pink Floyd joue encore une poignée de concerts avec Twink et le bassiste Jack Monck sous le nom de Stars au mois de février. Anéanti par une critique négative du Melody Maker, Barrett abandonne pour de bon la musique. De son côté, Twink retourne vivre à Londres. Durant cette période, il joue de temps en temps sur scène avec Hawkwind. Il se rapproche également de ses anciens camarades des Pink Fairies. Il les rejoint pour six mois courant 1973, puis pour un concert unique au Roundhouse de Londres le 13 juillet 1975. Il passe brièvement dans les rangs des Fallen Angels de Mickey Finn, mais un accident de voiture met un terme à sa participation à ce groupe.
La vague punk ne laisse pas Twink indifférent. Fin 1976, il devient le chanteur des Rings, qui publient l’un des premiers 45 tours punks au début de l’année suivante. L’EP Do It ’77, sorti en 1978 sous le nom « Twink & the Pink Fairies », s’inscrit dans la même lignée, un genre que Twink lui-même appelle « acid punk ». Après quelques années de silence, la fin des années 1980 le voit collaborer avec divers groupes (Plasticland, Bevis Frond) et fonder son propre label, Twink Records, sur lequel paraissent divers projets. Pour les fans des Pretty Things, le plus intéressant est sûrement son album solo Mr. Rainbow (1990), sur lequel figurent des reprises de Balloon Burning et Baron Saturday.
Cette biographie est aussi longue et touffue que la chevelure de Twink : abrégeons. Il n’a pas arrêté de sortir des disques tout au long des années 1990 et 2000, pour la plupart auto-édités, aussi bien des archives que de nouveaux enregistrements, sous le nom de Pink Fairies quand c’est avec Paul Rudolph, sous celui de Pinkwind ou Hawk Fairies quand c’est avec Nik Turner (ex-Hawkwind), ou sous son nom propre. Après s’être converti à l’islam, il a pris le nom de Mohammed Abdullah et vit aujourd’hui à Marrakech. Ce n’est pas pour autant qu’il ne fait plus de musique : il a cédé à la mode des suites en publiant un Think Pink II en 2015, puis un Think Pink III en 2018 et un Think Pink IV en 2019.
Discographie (probablement très incomplète)
- The Fairies, Don’t Think Twice It’s Alright / Anytime at All (1964)
- The Fairies, Get Yourself Home / I’ll Dance (1965)
- The Fairies, Don’t Mind / Baby Don’t (1965)
- Tomorrow, Tomorrow (1968)
- The Aquarian Age, 10,000 Words in a Cardbord Box / Good Wizard Meets Naughty Wizard (1968)
- The Pretty Things, S. F. Sorrow (1968)
- Twink, Think Pink (1969)
- Mick Farren, Mona: The Carnivorous Circus (1970)
- Pink Fairies, The Snake / Do It (1971)
- Pink Fairies, Never Never Land (1971)
- Robert Calvert, Captain Lockheed and the Starfighters (1974)
- The Rings, I Wanna Be Free / Automobile (1977)
- Twink & the Fairies, Do It ’77 (1978)
- Pink Fairies, Kill ’em and Eat ’em (1987)
- Twink with Plasticland, You Need a Fairy Godmother (1989)
- Bevis & Twink, Magic Eye (1990)
- Twink, Mr. Rainbow (1990)
- Pinkwind, Festival of the Sun (1995)
- The Hawk Fairies, Purple Haze (1996)
- Pink Fairies, Pleasure Island (1996)
- Pink Fairies, No Picture (1997)
- Twink, The Broken Record (2006)
- The Pretty Things, The Pretty Things / Philippe DeBarge (2009)
- Twink, You Reached for the Stars (2013)
- Last Minute Put Together Boogie Band, Six Hour Technicolour Dream Cambridge 1972 (2014)
- Twink, Think Pink II (2015)
- Twink, Sound of Silk: Demos & Rarities (2017)
- Pinkwind, Pinkwind (2018)
- Star Sponge Vision, Crowley and Me (2018)
- Twink, Think Pink III (2018)
- Twink, Psychedelic Electrician: 1969 Synthesizer Recordings (2018)
- Twink & the Technicolour Dream, Sympathy for the Beast (2019)
- Twink, Moths & Locusts, Think Pink IV: Return to Deep Space (2019)