Voici le vingt-huitième épisode de la série 31 Days of May de Mike Stax, qui parle de Rosalyn.
31 DAYS OF MAY : Jour 28. Quand Jimmy Duncan, co-imprésario des Pretty Things, leur a présenté la chanson qu’il voulait qu’ils enregistrent pour leur premier single, ils n’ont pas été franchement impressionnés. C’était une chanson qu’il avait écrite lui-même et dont il avait enregistré une démo au piano aux studios Regent Sound. « Elle sonnait très Denmark Street [NdT : la rue historique des éditeurs de musique à Londres, équivalente du Tin Pan Alley new-yorkais, avec tout ce que ça connote d’un peu ringard], très écossaise, se souvient Dick Taylor. C’était une chanson bonne pour un comique écossais. On s’est vraiment dits, « Mais bordel, qu’est-ce qu’on va bien pouvoir en faire ? »
Et ce qu’ils en ont fait, bordel, c’est une transformation intégrale autour d’un Bo Diddley beat accéléré, avec une boucle de basse et un peu de guitare slide pour faire bonne mesure. « C’était malin de notre part, m’a rapporté Phil par la suite, mais Diddley coulait tellement dans nos veines à l’époque que c’était tout naturel pour nous de s’en servir comme cadre pour la chanson. »
Premier single des Pretty Things, Rosalyn est sortie en mai 1964. 56 ans plus tard, sa fraîcheur et sa férocité sont toujours aussi brutales. Tous les ingrédients sont parfaits, dont, bien sûr, la voix sauvage et pleine de défiance de Phil. L’excitation et l’énergie sont maximales. D’après la légende, pour la dernière prise, Phil secouait tellement fort ses maracas que l’une d’elles s’est brisée. « Si vous écoutez bien le disque, vous devriez pouvoir l’entendre », confia Viv Prince au magazine Beat Instrumental. Après plusieurs milliers d’écoutes, tout ce que j’entends, c’est le son de mon esprit qui se brise. À mes yeux, c’est le meilleur single de rock ‘n’ roll de tous les temps. On n’a jamais fait mieux.
Il y a dix ans de cela, pendant un concert à Stoke on Trent, les Pretty Things m’ont invité à les rejoindre sur scène pour chanter Rosalyn avec Phil dans le même micro. C’était une petite surprise qu’ils me réservaient, Dick et lui. Ce souvenir m’est d’autant plus précieux maintenant que Phil nous a quittés.
Facebook, 17 juin 2020