Voici le trente-deuxième épisode (mais oui !) et dernier de la série 31 Days of May de Mike Stax, qui parle de Old Man Going. Encore merci à lui de m’avoir permis de traduire ces textes ici.
31 DAYS OF MAY : Jour 32. De toute son œuvre avec les Pretty Things, c’est de S. F. Sorrow que Phil était le plus fier. Cet album n’a pas reçu l’accueil qu’il méritait à sa sortie, en 1968. Ce n’est que plusieurs décennies plus tard qu’il a fini par être reconnu comme l’un des albums fondamentaux de son époque, un chef-d’œuvre intemporel. L’avant-dernière chanson de S. F. Sorrow est l’une des plus puissantes, émotionnellement parlant, et c’est en grande partie grâce aux paroles de Phil, pleines d’un existentialisme sombre.
“Hopscotch of life will lead you to the grave
Wet faces line the street
They will not be saved
Black house you built it will soon disappear
Another corporation dig this year.”L’intensité des paroles se reflète dans la musique tourmentée, avec sa guitare acoustique tendue, son rythme pulsant, ses harmonies pleines de cris et de soupirs et ses percées de fuzz en fusion. (Et oui, qu’on se le dise : cette intro à la guitare est sortie avant Pinball Wizard.)
Old Man Going est l’un des sommets de l’album et occupe une place de choix dans le répertoire scénique des Pretty Things tout au long de leur histoire. C’est une chanson que Phil interprétait toujours avec une intensité diabolique.
“Traffic thins as you drive slowly by
A friend wipes a flower from an eye
Streets filled with bouquets from a cloudy sky
They’ll soon forget the field in which you lie.”En vieillissant, on peut perdre foi en l’humanité, et c’est ce dont parle la chanson. Dans le livret de l’album, Phil écrit : « Il retraça ses pensées au long des rues humides, des visages vides s’alignaient le long du trottoir. Ils ne seraient pas sauvés. » Encore une fois, Phil se retrouve seul dans les rues vides de la ville la nuit. « Son esprit fit la roue en voulant comprendre. Les usines à malheur ne firent que grandir et Chagrin ne fit que vieillir. »
On naît, on meurt, on vous oublie, fin : serait-ce le message de la chanson ? C’est peut-être ce que Phil ressentait quand il avait 23 ans. Mais en vieillissant, surtout au moment de ses soucis de santé vers la fin de sa vie, il a découvert que c’était faux. Qu’il est possible d’être sauvé. Qu’on continue à vivre dans les souvenirs et dans le cœur de celles et ceux qui vous aiment : vos amis, votre famille, les gens que vous avez touché d’une manière ou d’une autre. Avec son art, Phil a touché davantage de gens qu’il ne le pensait. Son art est éternel. Nous n’oublierons pas le pré.
Facebook, 21 juin 2020