Norman Smith est né le 22 février 1923 à Edmonton, dans le Middlesex. Il s’intéresse à la musique dès son plus jeune âge et touche à un nombre impressionnant d’instruments dans sa jeunesse, de la batterie au vibraphone en passant par le piano et la contrebasse. Après avoir servi dans la Royal Air Force durant la Seconde Guerre mondiale, il tente en vain de percer comme trompettiste de jazz. En 1959, à l’âge de 35 ans, il se résout à postuler pour un boulot d’assistant ingénieur du son chez EMI. L’annonce précise bien qu’il faut avoir moins de 28 ans, mais un petit mensonge lui permet d’ignorer cette difficulté et de décrocher le job.

Aux studios d’Abbey Road, Smith travaille notamment avec les Beatles pendant trois ans, de Please Please Me à Rubber Soul. Fin 1965, il cesse de collaborer avec les Fab Four pour devenir producteur à part entière. Les deux groupes avec qui il passe le plus clair de son temps dans les années qui suivent sont Pink Floyd et les Pretty Things. Il entretient des rapports compliqués avec les premiers : Syd Barrett et lui viennent de deux planètes complètement différentes sur le plan musical, et pour un jazzeux comme Smith, les divagations psychédéliques de la bande à Syd n’ont guère de sens. Même après le départ de Barrett, il n’a pas grand-chose de positif à dire sur les premières compositions des autres membres du groupe. Il les accompagne dans leur tâtonnements quelque temps avant de les laisser voler de leurs propres ailes après Atom Heart Mother (1970).

Avec les Pretty Things, c’est une toute autre histoire. Smith commence à travailler avec eux en 1967 pour le 45 tours Defecting Grey / Mr. Evasion et devient leur soutien le plus fidèle tout au long des séances d’enregistrement de S.F. Sorrow. Sans doute apprécie-t-il davantage les chansons courtes et focalisées des Things que les longues cavalcades embrumées du Floyd… Quoi qu’il en soit, son appui ne suffit pas à convaincre EMI du potentiel commercial de l’album, qui coule en grande partie à cause de ce manque de foi. Deux ans plus tard, Parachute, également produit par Smith, connaît le même sort.

Smith a 48 ans lorsqu’il entame une nouvelle carrière, plus inattendue : celle de pop star. Il sort en 1971 son premier 45 tours, Don’t Let It Die, sous le nom de « Hurricane » Smith. Le succès de cette chanson qu’il avait écrite à l’origine pour John Lennon est aussi énorme qu’inattendu : numéro 2 des ventes au Royaume-Uni. Mais ce n’est rien à côté de son single suivant : Oh Babe, What Would You Say et ses arrangements très années 1940 lui permettent d’atteindre le sommet des charts de l’autre côté de l’Atlantique. Même si sa voix nasillarde et ses penchants rétros ne tarde pas à lasser le public, il continue à publier des singles et des albums tout au long des années 1970. Wally Waller, qui a trouvé un boulot de producteur chez EMI grâce à Smith, participe à l’enregistrement et la production de certains d’entre eux.

Autant dire que les choses ont changé lorsque Smith retrouve les Pretty Things pour Silk Torpedo, courant 1973. L’humble producteur a maintenant de quoi en remontrer à un groupe qui n’a jamais percé aux États-Unis. Le ton est donné dès le premier jour des séances d’enregistrement à Headley Grange : « Hurricane » arrive dans sa Rolls, s’engueule avec Phil May au sujet des paroles de la future Singapore Silk Torpedo et repart à Londres dans un nuage de fumée. Les tensions finissent par diminuer suffisamment pour boucler l’album, et c’est encore Smith qui produit le suivant, Savage Eye. Il y joue même du saxophone !

Après son départ à la retraite, Norman Smith s’installe à Rye, dans le Sussex. Il garde néanmoins un pied dans le monde de la musique : en 2004, il sort l’album From Me to You, sur lequel il reprend ses gros tubes des années 1970, ainsi que la chanson éponyme des Beatles. Son autobiographie, John Lennon Called Me Normal, paraît trois ans plus tard. Il meurt le 3 mars 2008, à l’âge de 85 ans.

Discographie

Comme producteur :

  • Pink Floyd, The Piper at the Gates of Dawn (1967)
  • Pink Floyd, A Saucerful of Secrets (1968)
  • The Pretty Things, S.F. Sorrow (1968)
  • Pink Floyd, Ummagumma (1969)
  • Barclay James Harvest, Barclay James Harvest (1970)
  • Pink Floyd, Atom Heart Mother (1970)
  • The Pretty Things, Parachute (1970)
  • Barclay James Harvest, Once Again (1971)
  • The Spinners, Love Is Teasing (1972)
  • The Pretty Things, Silk Torpedo (1974)
  • The Pretty Things, Savage Eye (1975)
  • Kevin Coyne, Heartburn (1976)
  • Denny Laine, Anyone Can Fly (1982)

Comme artiste :

  • Hurricane Smith, Don’t Let It Die (1972)
  • Hurricane Smith, Hurricane Smith (1972)
  • Hurricane Smith, Razzmahtazz Shall Inherit the Earth (1973)
  • Hurricane Smith, I’m Hurricane Fly Me! (1977)

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