Peter Tolson est né le 10 septembre 1951 à Bishop’s Stortford, dans le Hertfordshire. Après avoir tenu la guitare dans divers petits groupes, il rejoint Eire Apparent en 1969. Ce groupe nord-irlandais, managé par Chas Chandler et Mike Jeffery, s’était fait un nom en tournant avec les Animals et le Jimi Hendrix Experience aux États-Unis tout au long de l’année 1968. Manque de pot, lorsque Tolson les rejoint, ils sont au plus mal : tout le monde les a oubliés au pays, et ils ne bénéficient plus du soutien hendrixien. Après plusieurs mois à jouer dans de petites boîtes de nuit ou dans les facs, ils jettent l’éponge.
C’est en mai 1970, juste à temps pour les derniers 45 tours de l’ère Parachute, que Tolson rallie les Pretty Things en remplacement de Victor Unitt. Malgré son jeune âge, il s’impose d’emblée comme un chaînon important du groupe en participant à l’écriture de Cold Stone et Summertime, tandis que sur scène, il élève des titres comme Cries from the Midnight Circus ou She’s a Lover à de nouvelles hauteurs. Il co-écrit la majeure partie de Freeway Madness (dont l’autobiographique Peter) et plusieurs titres de Silk Torpedo avec Phil May. C’est également lui qui assure les parties de basse de leur premier album chez Swan Song, enregistré entre le départ de Stuart Brooks et l’arrivée de Jack Green. Il est plus en retrait sur Savage Eye, où le tandem May-Tolson ne compose qu’une seule chanson, Under the Volcano. Sad Eye a beau lui être créditée, seul un sourd n’y entendrait pas la patte de Jack Green. Comme d’autres membres du groupe, il commence aussi à avoir de sérieux problèmes de drogue.
Après l’éphémère expérience Metropolis, Tolson connaît une période difficile. Mark St John rapporte cette anecdote dans le livret de la réédition de Cross Talk :
Histoire vraie : un gros groupe fait appel à lui et lui paie le voyage en première classe jusqu’à Munich pour des répétitions. Il se pointe avec son étui à guitare et commence à s’en rouler une. Le groupe se lance dans une chanson et quand ils ont fini, il range sa guitare et commence à se barrer. « Où tu vas, Peter ? » demande le chanteur, médusé. « Vous avez pas assez de thune pour me faire jouer une telle merde », réplique Tolson, qui vit alors dans un HLM avec 900 £ de découvert sur son compte en banque.
Le groupe en question n’est autre que les Scorpions ! Tolson aurait dû remplacer Uli John Roth, parti en 1978. Le groupe aurait auditionné plus de 140 guitaristes cette année-là avant de jeter son dévolu sur Matthias Jabs, visiblement moins fine bouche que Tolson…
Tout n’est pas perdu : Tolson reprend contact avec Phil May, et les deux hommes recommencent à écrire des chansons ensemble. C’est le prélude à la réunion new wave des Pretty Things, dans une configuration inédite à deux guitaristes, Tolson-Taylor. Cross Talk n’a pas le succès qu’il mérite, et après quelques tentatives de lui enregistrer un successeur, le groupe se disperse courant 1981. Vers la même période, Tolson contribue à l’écriture et à l’enregistrement des premiers albums solo de Jack Green. Il participe à quelques répétitions des Pretty Things vers le milieu de l’année 1994, mais la renaissance du groupe se poursuit sans lui. Ce n’est qu’en 2010 qu’il retrouve Wally Waller, Jon Povey et Skip Alan pour un projet de réenregistrement de Parachute qui voit le jour deux ans plus tard sous le titre Parachute Reborn.
Son décès a été annoncé sur la page Facebook du fanzine Ugly Things le 21 avril 2016. Ses dernières années semblent avoir été assombries par la solitude et l’alcool. Peter Tolson n’avait que 64 ans.
Discographie
- The Pretty Things, October 26 / Cold Stone (1970)
- The Pretty Things, Stone-Hearted Mama / Summertime / Circus Mind (1971)
- The Pretty Things, Freeway Madness (1972)
- Electric Banana, Hot Licks (1973)
- The Pretty Things, Silk Torpedo (1974)
- The Pretty Things, Savage Eye (1975)
- The Broughtons, Parlez-Vous English? (1979)
- The Pretty Things, Cross Talk (1980)
- Jack Green, Humanesque (1980)
- Jack Green, Reverse Logic (1981)
- Jack Green, Mystique (1983)
- The xPT’s, Parachute Reborn (2012)