Phil May : 31 jours, 31 chansons, épisode 9

Voici le neuvième épisode de la série 31 Days of May de Mike Stax, qui parle de Don’t Bring Me Down.

31 DAYS OF MAY : Jour 9. Avec cette série, je compte bien attirer l’attention sur quelques perles oubliées, mais il me semble qu’il faut aussi évoquer quelques-uns des plus gros tubes. Don’t Bring Me Down s’est classée dans le Top 10 britannique à l’automne 1964, la meilleure performance du groupe dans les hit-parades de son pays d’origine. C’est un titre extraordinaire, notamment grâce à la partie de chant de Phil, glorieusement sauvage et pleine de tension sexuelle. Même si elle a été écrite par Johnny Dee, une connaissance singulière du groupe, les arrangements sont à 100 % Pretty Things. La batterie grondante de Viv Prince dicte la structure hachée de la chanson, qui est aussi ponctuée par des battements de mains et un tambourin.

“I’m on my own
Just wanna roam
I tell you, man
Don’t need a home…”

Et ensuite, la charge est sonnée et tout le monde s’y engouffre :

“I wander ‘round, feet off the ground…”

C’est un mélange anarchique de guitare bluesy, de basse grondante et d’harmonica cinglant qui éclate… avant de repartir au début.

Les Pretty Things se considéraient peut-être encore comme un groupe de rhythm and blues à ce stade, mais quelle sorte de rhythm and blues est-ce là ? Il y a du rythme, et il y a du blues, mais ce ne sont pas des garçons anglais blancs qui essaient de se faire passer pour des noirs. C’est une forme mutée de ce genre, qui a subi un traitement d’art school. Une erreur de la nature. Un éclair de génie.

Phil n’avait que 19 ans à l’époque. Avec Don’t Bring Me Down, il se libère de toute contrainte et trouve sa maturité comme chanteur. Il se donne à fond, sa voix oscillant entre sensualité narquoise et jouissance totale.

“I got this pad
Just like a cave
And then we had a little rave.
And then I laid her on the ground
My head is spinnin’ ‘round
Don’t bring me down.”

C’est une chanson qui parle de sexe, de coups d’un soir sur des planchers dégueulasses. On entend presque le sourire de Phil qui savoure certains passages, notamment celui-ci :

“I need a lover
Yes, someone new.
And then to him
I will be true.”

Him, pas her. Cet aveu discret et spontané a échappé à la plupart des gens à l’époque, mais pour les marginaux qui vivaient encore en partie dans les ombres, c’était sans doute un message : vous n’êtes pas seuls. On était en 1964 et l’homosexualité ne serait pas dépénalisée au Royaume-Uni avant quelques années encore. Ce n’était pas la dernière fois qu’une chanson des Pretty Things abordait la question de l’orientation sexuelle, directement ou pas.

Cette chanson-ci, quant à elle, poursuit sa route vers sa conclusion cacophonique :

“But until then I’ll stay as I am
Said I dig it, man
Don’t bring me down.”

Au cours des deux dernières décennies, quand le groupe jouait cette chanson, ils ralentissaient progressivement quand ils arrivaient à la fin : “Don’t bring me down… Don’t bring me down… Don’t… bring… me…” Et puis soudain, Phil s’écriait : “Don’t bring me down, motherfucker!”

Facebook, 28 mai 2020

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