Au commencement était le blues, bien entendu. On pourrait écrire un livre sur la manière dont cette musique noire américaine a été accaparée, voire appropriée, par la jeunesse blanche anglaise des années 1960, mais ça a sûrement déjà été fait. En tout cas, c’est une transfusion dont le succès n’est plus à démontrer. Les principaux représentants de ce British Blues Boom sont évidemment les Rolling Stones, mais il serait dommage de ne pas citer les plus doués de leurs collègues : les Animals, les Yardbirds, Them, le Spencer Davis Group… et, bien entendu, les Pretty Things.

Pour les Pretty Things, tout commence durant l’été 1963 à Dartford, une ville située dans le nord du comté de Kent, tout près de Londres, autour de deux étudiants en école d’art, Dick Taylor et Phil May. Le premier, 20 ans, a fait ses armes les années précédentes avec Little Boy Blue & the Blue Boys, une formation comptant notamment dans ses rangs Mick Jagger et Keith Richards, mais ça lui plaisait moyennement d’être relégué à la basse, et puis il tenait à finir ses études. Plus jeune d’un an, un timide Phil May traînait dans l’entourage des Blue Boys sans faire trop de bruit. Il parvient à convaincre Taylor de ne pas raccrocher sa guitare et ils recrutent ensemble les musiciens qui complèteront la première mouture des Pretties. À la basse, un ami de May, John Stax ; à la guitare rythmique, Brian Pendleton, recruté sur petite annonce ; à la batterie, Pete Kitley, qui laisse bientôt la place à Viv Andrews. Aucun n’a vraiment une carrure de chanteur. May accepte d’occuper ce poste jusqu’à ce qu’un meilleur candidat se présente, ce qui n’arrivera jamais.

Le nom du combo ? « Jerome and the Pretty Things », une double référence à Bo Diddley : Jerome, c’est un clin d’œil à Jerome Green, le joueur de maracas de Diddley, et les « Jolies choses », c’est pour la chanson Pretty Thing. La première partie du nom disparaît rapidement, ne restent plus que les Pretty Things. L’histoire peut commencer, sous les auspices de la sainte trinité du rhythm and blues: Chuck Berry, Jimmy Reed et Bo Diddley.

Suite : Le bruit et la fureur (1964-1966)

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