Phil May : 31 jours, 31 chansons, épisode 6

Voici le sixième épisode de la série 31 Days of May de Mike Stax, qui parle de Remember That Boy.

31 DAYS OF MAY : Jour 6. En 1974, les Pretty Things ont signé chez Swan Song, le label de Led Zeppelin, et ils ont failli percer en Amérique. Ils ont sorti deux albums chez Swan Song, tous deux produits par Norman Smith, avant de se séparer avec perte et fracas en 1976, quand Phil est parti se perdre au milieu de nulle part. Remember That Boy est l’un des points forts de leur deuxième album Swan Song, Savage Eye : un rock tendu et bourré d’énergie, avec une production léchée. Le batteur Skip Alan est particulièrement dynamique et joue avec jubilation sur la batterie Ludwig verte qui avait appartenu à John Bonham. Les paroles, qui comptent parmi les plus évocatrices de Phil durant cette période, forment une ode à certains de ses amis qui avaient perdu tout contact avec la réalité à la fin des Sixties :

“You’re amazingly graced
Doesn’t show your face
You’re lysergically removed from what you were.”

« Ça parlait de gens qu’on connaissait et qui avaient changé », m’a expliqué Phil, en donnant Syd Barrett comme exemple. « Isolé lysergiquement de ce que tu étais : on voyait pas mal de gens dans cet état-là, et c’était triste parce qu’on se souvenait de comment ils étaient avant. Et d’une certaine manière, eux [aussi] s’en souvenaient, et ça rendait les choses encore pires pour eux. Je n’ai jamais oublié ce passage fabuleux du livre de Virginia Woolf où elle raconte sa descente dans la folie. Elle dit que le plus douloureux, c’est de le voir dans les yeux de sa famille. Elle pouvait voir la douleur dans leurs yeux, et c’était encore plus douloureux pour elle que sa propre douleur. Comme quand quelqu’un te prend en pitié, c’est presque comme si leur douleur se réfléchissait sur toi. »

Le roman de Virginia Woolf dont parlait Phil est Mrs. Dalloway, paru en 1925. Il faisait souvent ce genre d’allusion en conversation. J’ai souvent fini par acheter des livres qu’il me recommandait : une autre manière dont il a enrichi ma vie. Ce goût pour la littérature se reflète également dans ses paroles, bien sûr, et ce presque dès le début. On aura l’occasion d’en reparler.

Facebook, 25 mai 2020

0 commentaire