Phil May : 31 jours, 31 chansons, épisode 26

Voici le vingt-sixième épisode de la série 31 Days of May de Mike Stax, qui parle d’Alexander.

31 DAYS OF MAY : Jour 26. Phil May avait sans doute à l’esprit Alexandra May, sa petite amie actrice, quand il a écrit les paroles d’Alexander, mais l’inspiration principale de la chanson est le Quatuor d’Alexandrie de Lawrence Durrell. Phil était obsédé par les quatre romans qui constituent cette tétralogie (Justine, Balthazar, Mountolive et Clea) et leurs personnages et décors ont servi de source à ses paroles. Les événements du Quatuor de Durrell prennent place juste avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, dans le port égyptien d’Alexandrie.

“Eastern shores they seem to full of promise
Minarets they lacerate the skyline
On pulsing seas we drift into the harbor
Gulls they dive with screams of Alexander.”

Le premier couplet, descriptif et poétique, emprunte aux pages de Durrell ses métaphores, avant que le refrain n’adopte un ton plus direct et personnel, impératif même :

“You loving me… love the fire god!”

Phil est passé d’Alexandrie à Alexandra. « La musique n’est que de l’amour en quête de mots », écrivait Durrell en 1945 dans son poème « Conon à Alexandrie », et c’est ce que Phil nous offre avec cette chanson. Et quelle musique ! La batterie cliquante de Twink introduit un rythme irrésistible fondé sur les riffs entrelacés de basse et de guitare autour desquels Jon Povey ajoute des lignes de claviers qui flottent comme des fantômes dans les espaces laissés vierges, s’unissant de temps à autres à la guitare fuzz de Dick Taylor. C’est une chanson pleine de force et d’énergie, mais aussi pleine de réflexion et d’étrangeté. Du rock ‘n’ roll avec la tête pleine de Durrell et le cœur plein de flammes. Le deuxième couplet cite deux des personnages principaux du Quatuor, Balthazar et David Mountolive. Son langage poétique rend hommage au style de Durrell.

“Balthazar consults his book of numbers
Buildings jangle with the children’s laughter
Mountolive gathers eyes on distant beaches
A woman’s face dissolves, I hear her screeches.”

L’une des raisons pour lesquelles Phil aimait autant le Quatuor d’Alexandrie, c’est qu’il connaissait bien le paysage nord-africain et méditerranéen que décrivent ces livres. Je ne crois pas qu’il soit allé à Alexandrie, mais il a visité le Maroc (il s’est rendu à Tanger dès 1965, un an avant que les Stones n’y mettent les pieds) et les îles grecques où le narrateur de Durrell commence son récit.

Alexander aurait peut-être dû avoir quatre couplets pour correspondre parfaitement au Quatuor, mais elle s’arrête à trois. Après tout, c’est une chanson de rock. Le dernier couplet ressemble à un chapitre final (pour Phil, pas pour Durrell) : il présente des dénouements tout en laissant le récit général ouvert.

“Poet dies stabbed with the knife of words
Young girl marries with bouquet of letters
One life explodes and slides into the sea
The city lies there hid beneath the curses.”

Alexander est peut-être l’une des meilleures chansons des Pretty Things. C’est à peine croyable qu’elle ne soit parue sur aucun de leurs disques à l’époque. Ils l’ont jouée dans un nanar idiot, et puis ils l’ont laissée prendre la poussière dans un catalogue musical sous le nom d’Electric Banana. Mais c’était la routine pour les Pretty Things en 1968. Ils avaient presque fini S. F. Sorrow. Ils avaient les bras chargés de trésors, alors ils ne faisaient pas vraiment attention quand ils faisaient tomber un ou deux diamants derrière eux.

Facebook, 15 juin 2020

0 commentaire