Phil May est né le 9 novembre 1944 à Dartford, dans le Kent. Il passe les premières années de sa vie à Erith, à quelques kilomètres de là, chez son oncle et sa tante, et se lie d’amitié avec le fils des voisins d’en face, Wally Waller. Sa vie bascule alors qu’il n’a que neuf ans : sa mère récupère sa garde par décision de justice et l’emmène vivre chez elle, à Sidcup. C’est le début d’une période difficile pour le jeune garçon, coupé de la seule famille qu’il avait connu jusqu’alors. Il se renferme sur lui-même et se réfugie dans sa passion pour les arts, en particulier le dessin et la littérature.
C’est au Sidcup Art College, l’école d’art locale, qu’il fait la connaissance de Dick Taylor. Ce dernier, un peu plus âgé que lui, joue alors avec les futurs Rolling Stones dans le groupe de rhythm ‘n’ blues Little Blue Boy & the Blue Boys. D’abord intimidé, May prend suffisamment confiance en lui pour se mettre au chant et à la guitare, et il forme un groupe avec Taylor au cours de l’été 1963 avec John Stax, Pete Kitley et Brian Pendleton : Jerome & the Pretty Things, puis rapidement The Pretty Things tout court.
Dans les années 1960, alors que les Pretty Things défraient la chronique, Phil May se fait autant remarquer pour ses cheveux longs que pour ses interviews où l’on devine un jeune homme cultivé et réfléchi, bien loin de l’image d’hommes des cavernes que la presse se plaît à donner des membres du groupe. Leur répertoire s’enrichit de compositions nouvelles dont May écrit les paroles, dans une veine très impressionniste : les chansons qui figurent sur Emotions sont de petites vignettes raffinées, centrées sur un personnage, un sentiment, un moment. S.F. Sorrow va plus loin en dédiant tout un album à l’histoire du personnage éponyme : sur le livret, les paroles des chansons sont entrelacées avec une nouvelle rédigée par May, qui est également le dessinateur de la pochette du disque. Réussites musicales, mais échecs commerciaux, S. F. Sorrow et Parachute doivent beaucoup à l’écriture de May.
Après le départ de Wally Waller, en juillet 1971, May noue une nouvelle relation privilégiée avec le guitariste Peter Tolson. Ensemble, ils composent l’intégralité de l’album Freeway Madness. Durant la période Swan Song, l’arrivée de Gordon Edwards, puis de Jack Green bouleverse la dynamique interne des Pretty Things, et l’autorité jusqu’alors plus ou moins incontestée de May se retrouve ébranlée. Il s’interroge sur son avenir, tergiverse, fait l’école buissonnière au lieu de se rendre aux concerts. Le divorce avec les cinq autres est consommé en juillet 1976.
Laissant ses anciens camarades prolonger brièvement l’existence des Pretty Things, puis se rebaptiser Metropolis avant d’aller chacun son chemin, Phil May se réfugie à Paris, dans une péniche ancrée sur les bords de Seine, avec sa femme Electra (fille du prestigieux sculpteur anglais d’origine croate Oscar Nemon) et leur fille Sorrel. Cette péniche appartient au play-boy tropézien Philippe Debarge, un ami des Pretty Things qui ont enregistré un disque avec lui en 1969. Un nouveau projet se met en place, les Fallen Angels, dont l’existence est aussi brève que confuse : un petit disque et puis s’en va en 1978. La même année voit la réunion des Pretty Things de l’époque Emotions / S. F. Sorrow pour un concert à Amsterdam, avant l’enregistrement d’un nouvel album, Cross Talk (1980), qui rencontre l’insuccès que l’on sait.
Dans les années 80, Phil May et Dick Taylor se serrent les coudes et font survivre le nom des Pretty Things dans des petites salles un peu partout en Europe, surtout aux Pays-Bas et en Allemagne, où subsistent des communautés de fans fidèles. Pour ce qui est d’enregistrer de nouveaux disques, plusieurs tentatives de donner un successeur à Cross Talk n’aboutissent à rien, malgré l’insistance du producteur Mark St. John. Plusieurs années s’écoulent ainsi, entre concerts de bric et de broc et participations à divers projets comme le Diesel de John Coghlan (ex-batteur de Status Quo) ou le Pretty Things / Yardbird Blues Band avec Dick Taylor et Jim McCarthy (ex-batteur des Yardbirds).
Les Pretty Things repartent vraiment du bon pied vers le milieu des années 1990. Le succès judiciaire face à EMI concernant les droits du catalogue du groupe est l’occasion pour la formation « classique » de se retrouver : c’est l’heure de la résurrection, toujours avec Phil May au gouvernail. Sa biographie se confond à nouveau avec celle du groupe, si ce n’est pour quelques apparitions en invité çà et là. Même les graves soucis de santé qui l’affectent courant 2014 ne suffisent pas à l’arrêter… si ce n’est de fumer. C’est toutefois avec sagesse qu’il décide de mettre un terme au programme harassant de tournées des Pretty Things avec un ultime concert le 13 décembre 2018.
En mai 2020, alors qu’il est confiné dans le Norfolk avec sa famille, Phil May tombe de vélo. Il est conduit à l’hôpital Queen Elizabeth de King’s Lynn pour y être opéré en urgence de la hanche, mais des complications viennent s’en mêler et il décède le 15 mai, à l’âge de 75 ans.
Discographie hors des Pretty Things
- Il Barritz, Il Barritz (1975)
- Maggie Bell, Suicide Sal (1975)
- Phil May & the Fallen Angels, Phil May & the Fallen Angels (1978)
- The Blues Band, Bye Bye Blues: The Blues Band Live (1983)
- Kalkowski, Sturm (1990)
- Thee Hypnotics, Come Down Heavy (1990)
- Pretty Things / Yardbird Blues Band, The Chicago Blues Tapes 1991 (1991)
- John Coghlan’s Diesel Band, Flexible Friends (enregistré en 1992, sorti en 2018)
- The Pretty Things ‘n Mates, A Whiter Shade of Dirty Water (1992)
- Pretty Things / Yardbird Blues Band, Wine, Women & Whiskey: More Chicago Blues & Rock Sessions (1993)
- The Tell-Tale Hearts, Circus Mind / Flying (1994)
- The Yardbirds Experience, British Thunder (1996)
- Little Bob, Live in the Dockland (2007)