Filmographie

For she was born to the screen,
And as she performed,
Their hearts really melted, ah…

Miss Fay Regrets

Si certains membres des Pretty Things aimaient apparemment beaucoup le cinéma (Phil May citait Ingmar Bergman parmi ses réalisateurs préférés dès 1964 !), aucun d’eux ne semble avoir eu l’envie ou l’opportunité de développer sa carrière en direction de l’écran, qu’il soit petit ou grand. Si l’on oublie leurs apparitions dans deux films à petit budget, une comédie polissonne de la fin des Sixties et une anthologie d’horreur du début des Eighties, leur principale contribution au Septième Art restera l’utilisation de leur musique dans divers longs métrages, notamment celle enregistrée sous le pseudonyme d’Electric Banana.

Films

Clips

Concerts filmés

Documentaires

  • Dont Look Back (1967)
    • Brian Pendleton fait une petite apparition (non créditée) dans le film de D. A. Pennebaker sur Bob Dylan.
  • My Best Friend… Mick Jagger (2005)
    • Un documentaire dans lequel intervient Dick Taylor.
  • Keith Richards: Under Review (2007)
    • Un documentaire dans lequel intervient Dick Taylor.
  • A Technicolor Dream (2008)
    • Un documentaire sur le 14-Hour Technicolor Dream de 1967.
  • Blues Britannia: Can Blue Men Sing the Whites? (2009)
    • Un documentaire sur le British Blues Boom.
  • The Roaring 20s: Mick Jagger’s Glory Years (2011)
    • Un documentaire dans lequel intervient Dick Taylor.
  • Midnight to Six 1965–1970 (2014)
    • Un documentaire entièrement consacré aux Pretty Things !

Bandes originales

The Pretty Things (1966)

The Pretty Things est un court métrage en noir et blanc d’un peu plus de 13 minutes réalisé au début de l’année 1966. Ce film promotionnel entièrement muet inclut quatre chansons des Pretty Things :

  • Me Needing You sert de générique de début et de fin, sur fond d’images distordues en gros plan ;
  • Midnight to Six Man illustre une séquence où le groupe est en studio ;
  • Can’t Stand the Pain sert de fond sonore à une courte scène humoristique ;
  • £.s.d. est filmée sur la scène de 100 Club, à Londres (mais il s’agit de la version studio de la chanson).

Ce film est une idée de Bryan Morrison, le manager du groupe. Il est réalisé par Caterina Arvet et Anthony West. Bien que Morrison apparaisse comme producteur dans les crédits, c’est en réalité l’argent des Pretty Things qui a permis de financer le tournage, au grand dam de Brian Pendleton, le seul membre du groupe à ne pas avoir apprécié l’expérience.

La séquence Can’t Stand the Pain fait irrésistiblement penser au film des Beatles A Hard Day’s Night. Les Pretty Things y tentent désespérément d’échapper à leur manager (joué par Bryan Morrison lui-même) dans des scènes de poursuite passées en accéléré. Malgré cela, sa sortie n’a pas suscité la même effervescence que le film de Richard Lester.

Un EP reprenant les chansons du film est sorti la même année sous le titre The Pretty Things on Film. Le film lui-même est disponible dans les bonus de la réédition CD de l’album Get the Picture?, ainsi que dans le coffret Bouquets from a Cloudy Sky.

What’s Good for the Goose (1969)

Publicité du film What's Good for the Goose.

What’s Good for the Goose est une comédie britannique sortie le 13 avril 1969 dans son pays d’origine, et jamais en France à ma connaissance. C’est le premier des deux longs métrages auxquels les Pretty Things ont participé, le second étant Le Club des monstres (1981).

Le film

Timothy Bartlett (Norman Wisdom) travaille comme assistant dans une banque. Sa vie suit une routine bien réglée au travail comme à la maison, où il retrouve tous les soirs sa femme Margaret (Sally Bazely) et leurs trois enfants. Tout change lorsque son patron l’envoie à sa place assister à un congrès à Southport, une station balnéaire du Merseyside, dans le nord-ouest de l’Angleterre. Sur le chemin, il prend en stop deux jolies hippies, Nikki (Sally Geeson) et Meg (Sarah Atkinson), qui s’amusent à le faire tourner en bourrique.

Le congrès s’avère parfaitement barbant, et Timothy préfère s’encanailler dans les boîtes de Southport. Dans une discothèque à la mode, le Screaming Apple, il retrouve Nikki et commence à tomber amoureux d’elle, au point d’adopter l’accoutrement et le mode de vie de la jeunesse locale. Il finit par abandonner toutes ses responsabilités et envoie bouler ses collègues pour passer une journée à s’amuser avec Nikki sur la plage et dans un parc d’attractions. Ils finissent au lit dans sa chambre d’hôtel. Mais la jeune fille est volage et ne tarde pas à abandonner l’employé de banque pour un garçon de son âge. En fin de compte, Timothy invite sa femme à le rejoindre à Southport pour rallumer la flamme de leur mariage, et tout est bien qui finit bien.

Réalisé par le cinéaste israélien Menahem Golan (un nom qui dira quelque chose aux habitués de Nanarland), What’s Good for the Goose est le dernier film avec Norman Wisdom (1915-2010) en tête d’affiche. Wisdom s’était fait un nom dans une série de comédies où il incarnait un archétype, celui du petit employé tout au bas de l’échelle, gaffeur mais attachant, qui finit toujours par conquérir la fille de ses rêves. Ses films avaient rencontré un grand succès au Royaume-Uni tout au long des années 1950, mais le filon commence à se tarir dans les années 1960, et lorsqu’il tourne ce film, Wisdom a tout du has been complet.

Inutile de préciser que What’s Good for the Goose n’avait aucune chance de relancer sa carrière. C’est une comédie vaguement polissonne et sans grand génie, qui fait trop souvent traîner ses gags au-delà du supportable, et son 5,2/10 de moyenne sur IMDb est très généreux. Certaines séquences pourront arracher un sourire aux plus indulgents, mais dans l’ensemble, le personnage principal est plus embarrassant qu’attendrissant, et la manière dont le film essaye de nous vendre une histoire d’amour entre un homme de 51 ans et une jeune femme de 19 ans est à la limite du glauque. Même quand Timothy retrouve sa femme, difficile de ne pas voir les deux décennies qui séparent Wisdom et Sally Bazely !

La musique

Plutôt que dans son scénario ou ses gags, le principal intérêt du film réside dans les scènes au Screaming Apple, qui sont l’occasion de voir des bandes de jeunes typiques de la fin des années 1960, avec des tenues toutes plus baroques les unes que les autres. La présence des Pretty Things vient parachever cette plongée à l’époque des hippies. Le groupe apparaît en effet en chair et en os (et en couleur !) sur la scène de la boîte de nuit pour mimer trois de ses chansons. Cette comédie nanarde constitue ainsi un document précieux, voire unique, car les enregistrements visuels de la période 1968-1969 ne sont pas si nombreux que ça. Plus anecdotiquement, les cinq musiciens apparaissent aussi comme figurants dans une scène de la fin du film, lorsque les amis de Nikki saccagent l’appartement de Timothy (clin d’œil rigolo : on peut lire « S. F. Sorrow » parmi les graffiti sur les murs). Ils sont crédités en tant que « groupe pop » dans le générique de fin.

La bande originale du film fait la part belle aux Pretty Things, bien entendu. Les chansons AlexanderIt’ll Never Be Me et Eagle’s Son servent de trame aux scènes de boîte de nuit, mais leurs versions instrumentales figurent également en fond sonore à d’autres endroits. What’s Good for the Goose, écrite spécialement pour le film, ne lui sert étonnamment pas de générique (c’est une autre chanson, dont j’ignore l’interprète, qui a ce privilège), mais elle est utilisée dans une scène vers la fin du film, lorsqu’un des personnages allume la radio. Pour le reste, on trouve beaucoup de musique de fond typique du cinéma bas de gamme de l’époque, avec des violons pour les scènes (qui se veulent) tristes et des cuivres pour les scènes (qui se veulent) drôles ; les arrangements sont dus à Reg Tilsley, que les fans des Pretty Things connaissent bien pour son travail sur l’album Emotions.

Le Club des monstres (1981)

L'affiche du film.

Le Club des monstres (The Monster Club en VO) est un film d’horreur britannique sorti en avril 1981 sur les écrans de son pays d’origine.

S’il nous intéresse ici, c’est surtout pour le caméo des Pretty Things, qui contribuent également à la bande originale avec une chanson inédite par ailleurs, mais c’est loin d’être la seule caractéristique notable de ce film. Qu’on en juge avec un coup d’œil rapide à sa distribution : Vincent Price ! Donald Pleasance ! John Carradine ! Et derrière la caméra, Roy Ward Baker, le réalisateur d’Atlantique, latitude 41° (1958) et de plusieurs films de la Hammer. Pas mal de beau monde, donc.

Le film

Le seul problème, c’est qu’on est en 1981 et que le film semble obstinément refuser de l’admettre. En fait, le Club des monstres est l’un des derniers avatars du film d’horreur à l’ancienne, ceux dans lesquels les monstres sont de bons vieux vampires, loups-garous et autres goules ; un genre pas mal ringardisé avec l’apparition des slashers vers le milieu des années 70. De fait, le producteur du film, Milton Subotsky, était à la tête d’Amicus Productions, le principal concurrent de la légendaire Hammer sur le créneau des films à bestioles, et le Club des monstres reprend la structure « film à sketches » typique d’Amicus.

Le fil rouge du Club des monstres est constitué par le Club éponyme, dans lequel se réunissent à l’insu de l’humanité des créatures toutes plus fantastiques les unes que les autres. Tandis que des groupes de musique se succèdent sur la scène, le vampire Eramus raconte à un écrivain en mal d’inspiration trois histoires de monstres. La première concerne le Shadmock, un monstre en mal d’amour dont le sifflement est mortel. La seconde s’intéresse à un vampire qui s’efforce de mener une vie normale à l’insu de sa femme et de son fils, tout en échappant aux tueurs envoyés à ses trousses. La dernière se penche sur les déboires d’un réalisateur ayant eu la mauvaise idée de partir en repérages dans un village rempli de goules…

L’opinion qu’on peut se faire du Club des monstres dépend pour beaucoup de l’indulgence dont on est prêt à faire preuve à son égard, et à l’égard des vieux films de monstres en général. Pour les aficionados, ce sera un plaisir de voir des acteurs de renom jouer aux créatures de la nuit en cabotinant un brin, dans un club rempli de figurants aux maquillages tous plus foireux les uns que les autres. Mais si vous ne voulez ou ne pouvez pas ranger votre esprit critique au placard l’espace d’une heure trente, vous risquez de vous barber ferme… comme le public à l’époque, d’ailleurs : le Club des monstres a été un gros bide, le dernier râle d’agonie du cinéma d’horreur britannique des années 70. Il a tout de même suffisamment séduit pour qu’on finisse par lui coller l’étiquette « culte » qui veut un peu dire tout et son contraire : il plafonne à 5,9/10 sur IMDb, mais pas mal de critiques en gardent visiblement un souvenir ému.

La musique

Mais quid des Pretty Things là-dedans ? Sans surprise, ils font partie des groupes qui se produisent sur la scène du Club des monstres. Ce sont les derniers à monter sur scène, et ils interprètent ce que le personnage de Vincent Price appelle « notre chanson » : un titre aux accents reggae intitulé fort à propos The Monster Club, dont les paroles reflètent bien le second degré qui imprègne le reste du film. Malheureusement, la caméra préfère s’attarder sur les monstres aux costumes un peu idiots qui constituent le public que sur les Pretty Things, mais cela reste une occasion rare (unique ?) de voir la formation de l’époque Cross Talk sur scène, avec de brefs plans sur le duo de guitaristes Peter Tolson (en capuche noire) / Dick Taylor (en lunettes noires), Jon Povey derrière ses claviers et Skip Alan derrière les fûts. Les plus visibles sont évidemment Phil May en chemise et Wally Waller dans un magnifique (hum) costard rose fluo.

Pochette de l'album The Monster Club.

La bande originale du Club des monstres est sortie en 33 tours chez Chips Records (CHILP2) la même année que le film. C’est devenu un disque de collection, qui s’arrache pour de belles sommes sur eBay. L’édition Blu-Ray du film, qui inclut les chansons de la BO sur une piste séparée, constitue sans doute un investissement plus raisonnable. Pour ceux que seuls les Pretty Things intéressent, The Monster Club est également disponible dans le coffret Bouquets from a Cloudy Sky.

Face 1

  1. The Viewers – Monsters Rule O.K.
  2. B. A. Robertson – Sucker for Your Love
  3. Night – The Stripper
  4. U.B.40 – 25%
  5. Expressos – Valentino’s Had Enough
  6. The Pretty Things – The Monster Club

Face 2

  1. John Williams & The Douglas Gamley Orchestra – Pavane (Fauré)
  2. John Georgiadis – Transylvanian Terrors
  3. The John Georgiadis Ensemble – Vienna Blood (Strauss)
  4. Alan Hawkshaw – Ghouls Galore
  5. The Viewers – Monsters Rule O.K. (Reprise)