Phil May : 31 jours, 31 chansons, épisode 3
Voici le troisième épisode de la série 31 Days of May de Mike Stax, qui parle de It’ll Never Be Me.
31 DAYS OF MAY : Jour 3. It’ll Never Be Me a été enregistrée en 1968, à la même époque que le chef-d’œuvre des Pretty Things S. F. Sorrow. Cette chanson n’est jamais sortie officiellement, mais elle fait partie de celles que le groupe interprète (ou fait semblant d’interpréter) dans le film What’s Good for the Goose (Phil n’est-il pas foutrement cool dans ce passage, avec sa chemise en soie noire et ses cheveux parfaits ?)
It’ll Never Be Me est un parfait exemple du talent de parolier de Phil. Il lui suffit de quelques coups de pinceau pour dépeindre la vie imaginaire d’un individu :
« Sad eyes turn away from the looking glass
Fingers trace the lines of the years that pass
Smears of light upon the lips of someone…
Standing by. »L’image se précise au fur et à mesure qu’il ajoute des détails. Il s’agit d’une femme en deuil :
« Mother keeps the photograph of a child that’s dead,
The child of the fading name that’s never said
Bright fantaisies of this child’s life are spinning…
‘Round this mother’s head. »Les harmonies éthérées du refrain prennent un peu de recul, temporairement : « No, it’ll never be me, looking at you that way. »
Les paroles sombres et laconiques de Phil contrastent avec le rythme dansant de la chanson, porté par la ligne de basse épaisse de Wally Waller, et avec le superbe jeu de guitare psychédélique sur deux pistes de Dick Taylor. C’est un paradoxe admirablement construit : la musique exubérante masque le désespoir existentiel des paroles. Un milk-shake à la fraise assaisonné de laudanum.
Le troisième et dernier couplet :
« Face presses against the window of an early train
Arms twist out the message of unspoken pain.
You wipe away a tear and then it starts…
To rain. »Un autre jour commence. La vie continue.
Facebook, 22 mai 2020