Pretty Things Kick Off Their Old Image

Cet article de Chris Welch est paru dans le numéro de l’hebdomadaire britannique Melody Maker daté du 4 janvier 1969.

Illustré par une photo peu flatteuse de Phil May, il annonce en des termes dépourvus d’ambigüité l’évolution des Pretty Things : adieu le rhythm & blues, bonjour le psychédélisme ! May et Twink évoquent ce changement d’image et leurs espoirs pour le spectacle de mime inspiré de S. F. Sorrow. L’article mentionne également l’apparition du groupe dans le film What’s Good for the Goose et évoque une prochaine tournée américaine qui n’aura en fin de compte jamais lieu.

Tamla Signs Pretties

Cet entrefilet est paru dans le numéro 1190 de l’hebdomadaire britannique New Musical Express, daté du 5 avril 1969. Il annonce la conclusion du contrat entre les Pretty Things et la maison de disques Tamla Motown, qui publie S. F. Sorrow sur le sol américain à la fin de l’année sur son label Rare Earth Records.

Marilyn

Le seul enregistrement connu de cette chanson correspond au passage des Pretty Things dans l’émission de radio Top Gear du 25 mai 1969.

Spring

Pochette de l'album The BBC Sessions.

Le seul enregistrement connu de cette jolie ballade pastorale correspond au passage des Pretty Things dans l’émission de radio Top Gear du 25 mai 1969. Le présentateur Brian Matthew annonce qu’il s’agit d’un extrait de leur prochain disque, mais le groupe a visiblement changé d’avis entre cette date et la sortie de Parachute l’année suivante, puisqu’elle ne figure en fin de compte pas dessus.

What’s Good for the Goose (1969)

Publicité du film What's Good for the Goose.

What’s Good for the Goose est une comédie britannique sortie le 13 avril 1969 dans son pays d’origine, et jamais en France à ma connaissance. C’est le premier des deux longs métrages auxquels les Pretty Things ont participé, le second étant Le Club des monstres (1981).

Le film

Timothy Bartlett (Norman Wisdom) travaille comme assistant dans une banque. Sa vie suit une routine bien réglée au travail comme à la maison, où il retrouve tous les soirs sa femme Margaret (Sally Bazely) et leurs trois enfants. Tout change lorsque son patron l’envoie à sa place assister à un congrès à Southport, une station balnéaire du Merseyside, dans le nord-ouest de l’Angleterre. Sur le chemin, il prend en stop deux jolies hippies, Nikki (Sally Geeson) et Meg (Sarah Atkinson), qui s’amusent à le faire tourner en bourrique.

Le congrès s’avère parfaitement barbant, et Timothy préfère s’encanailler dans les boîtes de Southport. Dans une discothèque à la mode, le Screaming Apple, il retrouve Nikki et commence à tomber amoureux d’elle, au point d’adopter l’accoutrement et le mode de vie de la jeunesse locale. Il finit par abandonner toutes ses responsabilités et envoie bouler ses collègues pour passer une journée à s’amuser avec Nikki sur la plage et dans un parc d’attractions. Ils finissent au lit dans sa chambre d’hôtel. Mais la jeune fille est volage et ne tarde pas à abandonner l’employé de banque pour un garçon de son âge. En fin de compte, Timothy invite sa femme à le rejoindre à Southport pour rallumer la flamme de leur mariage, et tout est bien qui finit bien.

Réalisé par le cinéaste israélien Menahem Golan (un nom qui dira quelque chose aux habitués de Nanarland), What’s Good for the Goose est le dernier film avec Norman Wisdom (1915-2010) en tête d’affiche. Wisdom s’était fait un nom dans une série de comédies où il incarnait un archétype, celui du petit employé tout au bas de l’échelle, gaffeur mais attachant, qui finit toujours par conquérir la fille de ses rêves. Ses films avaient rencontré un grand succès au Royaume-Uni tout au long des années 1950, mais le filon commence à se tarir dans les années 1960, et lorsqu’il tourne ce film, Wisdom a tout du has been complet.

Inutile de préciser que What’s Good for the Goose n’avait aucune chance de relancer sa carrière. C’est une comédie vaguement polissonne et sans grand génie, qui fait trop souvent traîner ses gags au-delà du supportable, et son 5,2/10 de moyenne sur IMDb est très généreux. Certaines séquences pourront arracher un sourire aux plus indulgents, mais dans l’ensemble, le personnage principal est plus embarrassant qu’attendrissant, et la manière dont le film essaye de nous vendre une histoire d’amour entre un homme de 51 ans et une jeune femme de 19 ans est à la limite du glauque. Même quand Timothy retrouve sa femme, difficile de ne pas voir les deux décennies qui séparent Wisdom et Sally Bazely !

La musique

Plutôt que dans son scénario ou ses gags, le principal intérêt du film réside dans les scènes au Screaming Apple, qui sont l’occasion de voir des bandes de jeunes typiques de la fin des années 1960, avec des tenues toutes plus baroques les unes que les autres. La présence des Pretty Things vient parachever cette plongée à l’époque des hippies. Le groupe apparaît en effet en chair et en os (et en couleur !) sur la scène de la boîte de nuit pour mimer trois de ses chansons. Cette comédie nanarde constitue ainsi un document précieux, voire unique, car les enregistrements visuels de la période 1968-1969 ne sont pas si nombreux que ça. Plus anecdotiquement, les cinq musiciens apparaissent aussi comme figurants dans une scène de la fin du film, lorsque les amis de Nikki saccagent l’appartement de Timothy (clin d’œil rigolo : on peut lire « S. F. Sorrow » parmi les graffiti sur les murs). Ils sont crédités en tant que « groupe pop » dans le générique de fin.

La bande originale du film fait la part belle aux Pretty Things, bien entendu. Les chansons AlexanderIt’ll Never Be Me et Eagle’s Son servent de trame aux scènes de boîte de nuit, mais leurs versions instrumentales figurent également en fond sonore à d’autres endroits. What’s Good for the Goose, écrite spécialement pour le film, ne lui sert étonnamment pas de générique (c’est une autre chanson, dont j’ignore l’interprète, qui a ce privilège), mais elle est utilisée dans une scène vers la fin du film, lorsqu’un des personnages allume la radio. Pour le reste, on trouve beaucoup de musique de fond typique du cinéma bas de gamme de l’époque, avec des violons pour les scènes (qui se veulent) tristes et des cuivres pour les scènes (qui se veulent) drôles ; les arrangements sont dus à Reg Tilsley, que les fans des Pretty Things connaissent bien pour son travail sur l’album Emotions.